René Nelli (1906–1982)

> LES GRANDS ARCANES DE L'HERMETISME OCCIDENTAL, de Réné Nelli. — Testament spirituel d’un grand écrivain de notre siècle (historien, en particulier du catharisme, poète, ami et biographe du merveilleux poète Jo Bousquet), ce livre n'est pas à lire comme un traité exhaustif sur l'ésotérisme et les sociétés secrètes, mais plutôt comme une réflexion vivante, pénétrante et exempte de tout jargon, sur le destin de l'homme. De l'Homme conscient, ou plus exactement en quête de conscience, en marche vers une intelligence du Sens. Cet Homme-là gît encore, endormi mais toujours prêt à s'éveiller, dans l'âme de l'homme contemporain. René Nelli nous donne quelques jalons qui nous aideront à le réorienter, en insistant notamment sur la notion du Temps : intuition cruciale qui met l'être en face de son destin, de son Futur, tout entier contenu dans le présent.
Ses réflexions à ce propos sur le prophétisme, sur l'essence de la poésie, sur l'Apocalypse et sa pertinente "actualité", sont dignes des plus grands sages et de la plus rare tradition. Coll. Gnose, Ed. du Rocher.
—Nouvelles Clés, (19), Sept./Oct. 1991, (pp. 92-93)… (altro)

PAROLES D'HERETIQUES

MANI (216-277)

Les deux Principes éternels.

A l'origine, il y avait deux substances
divisées par nature. Sur l'Empire de la
Lumière dominait Dieu le Père, perpétuellement
vivant dans sa souche sainte, magnifique
dans sa puissance, vrai par son essence même,
toujours heureux dans sa propre éternité. Il
contenait en lui la Sagesse et les Sens vitaux.
Par eux, il comprenait aussi les douze Membres
de sa Lumière, qui sont les richesses affluentes
de son Royaume et en chacun desquels sont
cachés des milliers de trésors incalculables
et immenses. Ce Père, souverain en sa gloire et
incompréhensible en sa grandeur, possédait
encore unis à lui les bienheureux et glorieux
Eons dont on ne peut apprécier le nombre ni
l'étendue. Ce Générateur saint et illustre
vivait donc avec eux sans qu'auçun indigent
ou aucun infirme se trouvât dans son insigne
Royaume. Ce Royaume lui-même, infiniment
splendide, a été si bien fondé sur la terre
lucide et bienheureuse qu'il ne peut être
ébranlé, ni renversé par personne.
D'un côté et sur un flane de cette terre
illustre et sainte se trouvait la terre des
Ténèbres, profonde et immensément grande,
qu'habitaient des corps ignés, race pestiférée...… (altro)