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> [Question de]. Olivier Clément, L'autre soleil : Quelques notes d'autobiographie spirituelle. In: Question de n°11, Mars-Avril 1976. p.112 (Bibliothèque)
Très attendu, ce livre du professeur et penseur réputé Olivier Clément, qui aborde le genre périlleux et peu répandu de l'autobiographie spirituelle», nous mène dans la chaleur de la conversion. Cet Autre Soleil est celui de l’orthodoxie, dont le nom seul évoque dans les mémoires toutes les lumières, depuis celle des cierges glissant sur le doré des icônes, jusqu’à celle, fondamentale, de la Résurrection et celle, brûlante, de la Pentecôte — toutes reflets de la lumière incréée. Cet ouvrage lyrique et foisonnant sera reçu différemment par trois catégories de lecteurs. Les êtres religieux, chrétiens ou non, s’émerveilleront du chemin suivi par O. Clément, depuis une enfance cévenole dans une famille « socialiste par exigence morale », jusqu’à l’Eglise dont il dit joliment qu’elle est « la mer qui se met à chanter dans le coquillage du monde ». Les orthodoxes, eux, y rencontreront peut-être, plus que la pure orthodoxie universelle, l’image d’un certain goût pour les splendeurs russo-byzantines, satisfaifaisantes néanmoins pour l’intellect et l’esprit, mais où se mêlent l’austérité stylite, la passion hésychaste et la nostalgie créatrice des exilés. Enfin, peu nombreux, mais bien surpris vingt ans après, seront ceux qui ont vécu avec O. Clément, « dans de petits milieux sympathiques et étouffants », les événements qui font le sujet de l’ouvrage (quelques points d’histoire donneraient peut-être utilement lieu à d’autres interprétations). Les témoins directs relèveront un oubli involontaire. Si soucieux de rendre un juste hommage à ses maîtres, O. Clément nous parle longuement de deux d’entre eux, mais en omet un, celui de qui, justement, il reçut « le Sceau du Saint-Esprit » avec l'onction baptismale : l’archiprêtre Eugraph Kovalevsky, devenu peu après, sous le nom de Jean de Saint-Denis, chef de l’Eglise orthodoxe de France (qui n’est pas citée non plus). Les amateurs de précisions trouveront la trace de ce baptême — point culminant de la conversion, donc du livre — dans le registre des actes de baptême de l’Eglise Saint-Irénée, sous le numéro 82, page 27, feuillet 15. On y lit que, « le 1er novembre 1952, Olivier Maurice Clément, né le 17 novembre 1921, fils d’Emile Clément et d’Emilie Richard, a été baptisé, confirmé et a reçu la Sainte Communion, ayant pour parrain Jean Vigna et pour marraine » Yvonne Winnaerl, le célébrant étant l’archiprêtre Eugraph Kovalevsky ». Personne n’a oublié combien la cérémonie fut émouvante. L’orthodoxie occidentale en pleine renaissance attendait beaucoup de ce nouveau baptisé au vibrant regard noir. Paris, Stock, 1976. — Tchalaï Dermitzel