Les mots de Charles Ferdinand Ramuz résonnent comme un écho. « Tu es méchante, tu es calme, silencieuse… mais tu es méchante ». La montagne impose sa loi. Elle sépare les amours et emporte ceux qui la défient. Si l’on aurait aimé plus de détails dans le dessin, quelques traits suffisent à Fabian Menor pour caractériser un visage. Sa plus grande réussite, les planches sans phylactère. Bleues, grises, noires, sombres pour marquer la colère. Le bédéiste peut aussi s’appuyer sur la poésie de l’écrivain suisse, tendre, aiguisée : « Derborence, le mot chante doux. Il vous chante doux et un peu triste dans la tête. Il commence assez dur et marqué, puis hésite et retombe, pendant qu’on se le chante encore, Derborence, et finit à vide, comme s’il voulait signifier par là la ruine, l’isolement… l’oubli. »

Sous la forme d'un haïku :

Douce Derborence,
Mais là-haut dans la montagne
Rugissent les diables. ( )