Jaurès paysan

Ce livre de Rémy Pech est intéressant. Sans être passionnant, il nous apprend beaucoup. Le parti pris est pertinent, novateur d’une certaine façon.

On est habitué à ces biographies qui traitent rapidement le rapport de Jaurès aux paysans, qui plaisantent de cette formulent « je suis un paysan cultivé » sans y donner du crédit. Rémy Pech fait œuvre utile en rappelant que la famille de Jaurès, ses parents, ne sont plus que des bourgeois sans fortune où Jaurès est obligé de travailler aux champs, alors que le reste de la famille ne vient qu’en appui et en soutien.

Le découpage de ce livre est bien fait. La première partie, très biographique et contextuelle, précise clairement les rapports profonds qui unissent Jaurès à la terre et aux paysans. Les deux chapitres suivant montrent les engagements de Jaurès pour les travailleurs de la terre, ses liens, son action sur le territoire, son travail de politisation des masses paysannes, tant en campagne auprès du POF de Jules Guesde que dans les campagnes du Tarn et dans l’Hérault.

Rémy Pech consacre les deux derniers chapitres à l’éthique socialiste et à la place de la culture occitane sous le prisme de Jaurès défenseur des paysans, Jaurès chantre de la nature au combattant pour la paix au profit des travailleurs du sol et du sous-sol.

Dans l’ensemble, ce Jaurès paysan est admirablement bien fait. Les documents annexes sont précieux. Ce qui demeure extrêmement appréciable, ce sont les passages en occitan qui donnent – au combien – du corps et de l’épaisseur aux propos de l’auteur. Alternant témoignages, sources, articles et propos, Rémy Pech nous livre un Jaurès un peu nouveau, plus méridional que Parisien, plus vrai d’une certaine façon. ( )