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Kun-woong Park

Autore di Il ponte di Nogunri

9 opere 35 membri 1 recensione

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Comprende il nome: Park Kun-woong

Opere di Kun-woong Park

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Informazioni generali

Data di nascita
1972
Sesso
male
Nazionalità
Korean
Luogo di nascita
Seoul, Korea
Breve biografia
Park Kun-woong è un disegnatore di fumetti. Nato nel 1972, si è diplomato in arti plastiche all’Università Hongik di Seoul, nella sezione pittura. Nel 2004 ha pubblicato la serie in quattro volumi Fiori. Nel 2006 conclude la prima parte del Ponte di Nogunri e inizia a realizzare la seconda parte di questa colossale opera con cui cerca di far uscire dall’ombra questi oscuri avvenimenti della storia moderna della Corea del Sud.

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Recensioni

Mon père bien-aimé que j’ai du mal à nommer tant cela me déchire le coeur.
(p. 196, “Bananes : Ha Jae-wan”).


Ce n’est pas une bd qu’on lit en une petite après-midi de farniente… Déjà parce qu’elle fait plus de 300 pages (je crois que je n’ai jamais lu de bd aussi longue que ça), ensuite parce qu’il faut s’accrocher. Il m’a fallu la poser de temps en temps, surtout au début, tellement elle est chargée émotionnellement.
Ce manhwa (une bande dessinée produite en Corée, tout simplement, un manga mais de l’autre côté de la mer) relate un fait historique, l’arrestation, la torture, le jugement et l’exécution de 8 personnes en avril 1975, suite à des manifestations contre le changement de la constitution. 8 personnes innocentes, accusées d’être des espions de la Corée du Nord et d’avoir fomenté un coup d’Etat : deux accusations sans fondement, mais qui ont permis à l’Etat de détourner l’attention du grand public quand il en avait besoin. En 8 chapitres, l’auteur retrace le parcours de ces huit hommes, à la fois différents (des professeurs, des chefs d’usine) et semblables (tous sauf un sont maris et pères, la plupart vivent à Daegu, etc.), certains très impliqués politiquement, d’autres beaucoup moins. En fait, ce n’est pas vraiment leur parcours qui est retracé, mais plus le vide qu’ils ont laissé derrière eux et comment leur famille, femme et enfants, ont vécu avec cette absence pendant l’arrestation puis après l’exécution. Certaines femmes relatent les agissements politiques de leurs maris, d’autres n’en parlent pas, soit qu’il n’était pas impliqué politiquement soit qu’elles ne le savaient pas. Mais toutes décrivent une vie sous surveillance perpétuelle, le fardeau qu’est l’impossibilité de suivre les rites et les traditions, notamment au moment de l’enterrement, une vie en marge de la société et la nécessité d’exercer des petits boulots précaires pour survivre tant bien que mal sans cesser de se battre pour la réhabilitation de leur mari. Les enfants décrivent les vexations à l’école ou avec les camarades, la difficulté, parfois l’impossibilité, de se construire avec l’absence d’un père. Les 8 chapitres deviennent parfois un peu répétitifs, pourtant chaque histoire a quelque chose d’unique qui ressort sous les traits de Park Kun-woong.
Car ce livre est un livre graphique, il ne faut pas l’oublier. Lorsque je l’ai reçu et feuilleté, la noirceur des planches m’a rebutée, puis je me suis aperçue que les personnages n’avaient pas de visage (pas d’yeux, pas de bouche ou de nez), à quelques exceptions près. Je me suis demandée dans quoi je m’embarquais, et pourtant, cela fonctionne. Je ne saurais dire exactement pourquoi, mais cette absence de visage trouve sa place dans ce manhwa. Le jeu sur le noir intense et le blanc immaculé, sans jouer sur les nuances, donne l’impression de dessins simples, bien qu’ils soient en réalité très travaillés. L’absence de visage, l’absence de nuances obligent le dessinateur, et par ricochet le lecteur, à s’intéresser à d’autres aspects du dessin. Par exemple, les sentiments ne sont pas sur les visages, mais ils transparaissent dans les attitudes, dans la façon dont le corps est penché par exemple. La technique de dessin et le cadrage soulignent la douleur des propos, la renforcent et finissent par étreindre la gorge.

C’est donc un récit intimiste, mais c’est aussi un récit très ancré dans son environnement. Bien sûr parce qu’il relate un fait historique, mais aussi parce qu’il décrit la société sud-coréenne dans ses multiples aspects. Des petits faits, comme cela, au passage, comme la soupe de sang de bœuf, des répliques qui montrent à quel point la société est structurée et rigide (« Yeo Jeong-nam est mon aîné, comment je lui donnerias des ordres ?, page 285) ou à quel point les femmes sont dans une position de dépendance. Mais ce manhwa m’a aussi permis de réaliser à quel point la Corée du Sud avait été un régime dictatorial. Un peu naïvement, j’ai toujours vu la Corée du Sud comme les gentils, le rempart contre les méchants de la Corée du Nord. Et puis aujourd’hui, on regarde la Corée du Nord comme une incroyable anomalie sur l’échiquier mondial (ce qu’elle est, bien sûr), mais ce livre montre à quel point tout était moins noir et blanc (à la différence de l technique graphique…) que l’on voulait l’imaginer. Ce n’est pas le seul cas, les dictatures légitimée parce qu’elles étaient soi-disant l’unique rempart possible contre le communisme, on en a connu en Amérique Latine aussi. Mais je dois avouer que le cas de la Corée m’était moins connu et que ce manhwa a remis quelques pendules à l’heure. Le climat de suspicion et de contrôle est d’ailleurs très bien rendu, notamment dans les scènes de procès ou d’interrogatoire, mais aussi avec les affiches placardées un peu partout et traduites sous les images (ma « préférée », qui revient plusieurs fois est certainement : « Quelqu’un est bizarre ? Dénoncez-le ! », ça veut tout dire…).

Je conclus ici ma longue note de lecture, pour une longue bande dessinée coréenne, un long mahwa, qui allie l’histoire intime et l’histoire nationale, et dont le style très particulier, alliant avec une grande dextérité le blanc et le noir, participe pleinement à l’intérêt de ce livre. Il peut être difficile d’abord, les noms se ressemblant beaucoup on s’y perd parfois, ou bien les 8 histoires étant traitées en parallèle pouvant paraître introduire de la redondance. Mais ces difficultés passagères à entrer dans l’œuvre ne sont rien par rapport à sa richesse et à son intérêt.
C’est un livre prenant. Oui, il m’a demandé plusieurs jours de lecture, ce qui est rare pour un livre graphique, mais je suis contente de lui avoir consacré ce temps. Et l’objet est beau, c’est rare qu’une bande dessinée ait ornée d’une couverture de tissu. Et les 8 fleurs qui sont dessus, même si leur signification n’est explicitée que dans la dernière phrase des annexes (oui, il faut aller jusqu’au bout du bout !), prennent très vite sens, et disent toute la poésie et l’espoir qui sourdent dans ce livre malgré le sujet grave et lourd et la détresse des personnages. Un livre à lire parce qu’il sort de l’ordinaire et pour ses qualités propres. Un grand merci aux éditions Rue de l’échiquier qui ont entrepris sa traduction et sa publication.

Merci aux éditions Rue de l’Echiquier de m’avoir permis de lire ce livre, dans le cadre de l’opération masse critique de Babelio.
… (altro)
 
Segnalato
raton-liseur | Jan 6, 2022 |

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