> LES LIMITES DE LA CONNAISSANCE DE LA NATURE, de Rudolf Steiner. — En 1920, date des huit conférences présentées dans cet ouvrage : Rudolf Steiner dépeint la crise socio-culturelle profonde qui fut à l’origine de la Première Guerre Mondiale et des bouleversement qui l’ont suivie. Alors que la pensée moderne semble marquée par un aveu d’impuissance face aux deux limites de la connaissance : la matière et la conscience; une science sans conscience - la “technique” - plonge l’humanité dans une aveugle course à l’armement. En contre partie de cette ignorance, que certains savants nommeront un aveu d’humilité, se déchaîneront des volontés de puissances effroyables qui aboutiront, on le sait, à la Seconde Guerre Mondiale.
Steiner transforme ces limites, inhérentes à la pensée mécanique, en seuils.
La célèbre étude du philosophe Edmund Husserl, intitulée “La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale”, dont le manuscrit ne remonte qu’aux années 1935-36, se trouve largement anticipée par ce philosophe visionnaire qu’est Steiner. Cette transformation des limites en seuils, qu’entrevoit
Husserl, à la pointe de l’épistémologie contemporaine, est merveilleusement décrite dans ces huit conférences publiques qui établissent un pont entre les deux Voies proposées par le père de l’anthroposophie : “la philosophie de la liberté” et “la science spirituelle” qu’il distingue nettement dans certains de ses ouvrages. Aux frontières infranchissables de la pensée scientifique contemporaine, la conscience et la matière, peuvent naître de nouvelles facultés, nommées par Rudolf Steiner “Imagination” et “Inspiration”, permettant de se connaître soi-même et de connaître le monde ; et pouvant, elles-mêmes, se réunir en “Intuition”. Pour Steiner, seules de nouvelles facultés peuvent apporter des forces de guérison à la civilisation en déclin ; car les bouleversements sociaux sont pour lui le signe de leur naissance dans l’humanité actuelle. Ed. Novalis, 1998 - 176 p.
—3e millénaire, (50), Hiver 1998