> L’auteur qui signe sous le pseudonyme de Nome ou aussi I. M. Nome (Sans moi ou Je Suis Sans moi*) guide un groupe de chercheurs en Californie selon la tradition de l’advaita Vedanta (Non-dualité hindoue) et l’approche de Ramana Maharshi. Dans l’introduction, l’auteur est qualifié de Réalisé et les chercheurs sont invités à profiter de sa rencontre.
Faute de connaître l’auteur, la qualité de sa présence et son contact avec les autres, la présentation se limitera au contenu des deux livres en question.
Self Knowledge se compose de quatre parties où sont exposées avec clarté et précision les idées de la non-dualité, la passion de vivre cet état, la nature de notre monde et le paradoxe de la dualité apparente. Que ce soit sous forme de poèmes, de discours ou de dialogue, l’auteur distingue avec force l’Être, ou disons l’état suprême pur, de toute confusion avec la temporalité, les objets et les expériences. La réalisation, pour lui, n’est pas de devenir inconscient au monde mais d’être conscient que le monde n’existe pas. Pour réaliser cela une investigation en profondeur du Je dans les lignes de Ramana est indiquée. À savoir : voir sur le vif à qui arrivent les perceptions, les émotions et les pensées...
En ouvrant le livre au hasard, comme nous allons le faire, nous retrouvons, à chaque page, les mêmes idées exposées avec des termes ou des détails différents. La traduction des extraits qui suivent est très approximative.
P. 156 : « La Réalité en tant que telle, est Être parfait : Existence pure. Ce n’est pas l’existence comme celle d’une chose, ni celle de plusieurs choses, ni même celle de toutes les choses ensemble, mais seulement Existence ou Être - sans la notion superposée de quelque chose d’objectif - sans forme, libre des limitations de la forme, sans division, et ne possédant aucune partie et rien qui puisse diviser. On doit aussi dire que la Réalité est pure Conscience sans limitation, sans individualité, impersonnelle, sans un sujet et un objet, et libre de toute sorte de division. Elle est aussi Béatitude, et c’est pourquoi lorsqu’une personne réalise la Vérité, ou trouve la Réalité, cette personne possède une joie durable, qui ne dépend d’aucune cause, qui est sans condition et sans fin... »
P. 101: « Puisque le monde est irréel, il ne peut présenter aucun asservissement. Étant irréel, il n’arrive pas effectivement à être. C’est pour cette raison que l’on dit que maya est sans commencement. La Réalité n’engendre pas l’irréalité. Étant non-duelle, la Réalité ne met au monde rien qui soit réel. L’Être existant toujours, lui-même non-né, ne crée rien. L’irréel est aussi non-né, car il n’existe pas. Étant irréel, il ne disparaît pas plus que le monde du rêve pour le sujet rêveur, lorsque l’on se réveille des deux. »
P. 146 : « La notion de "Je", cause de l’asservissement et de la souffrance, apparaît et disparaît. Elle est toujours associée à une forme, qu’elle soit grossière ou subtile. Toutes les formes sont transitoires et sont effectivement irréelles. Un examen minutieux montrera qu’elles ne sont pas véritablement "Je"... »
P. 84 : « Le Soi est Béatitude. L’expérimenter est déterminé par la Connaissance. Aucun autre facteur n’est impliqué. Voir cela est le début de la Connaissance. Concevoir autrement est illusion. Les objets, les circonstances et les événements, les sensations et le temps ne sont pas les facteurs qui déterminent le désir, la source et l’expérience de la joie. Le Soi, qui est source unique, est toujours présent. La Connaissance de soi est le seul facteur qui détermine la béatitude. »
P. 104 : « Le Soi ne change pas. La pensée est changeante. Comment la pensée pourrait alors, avoir un lien avec le Soi ? Comment la pensée pourrait alors, définir ou confiner le Soi ? »
P. 144 : « La Conscience, sans rien qui lui soit ajouté, est l’état naturel du Soi. De toutes nos idées et perceptions lesquelles sont celles que l’ont peut dire comme étant bel et bien notre nature ! Malgré que l’ont peut considérer les plus claires, les plus spirituelles plus proches que celles plus troubles, les plus claires étant des réflexions de quelque chose au-delà de la perception et de la conceptualisation, aucune d’elle n’est actuellement la Conscience même. La Conscience, qui est la nature du Soi, les transcende toutes. C’est ainsi et restera toujours ainsi. Par conséquent pour s’établir dans l’état naturel du Soi, pour connaître la nature toujours présente de l’Être et de la Conscience, nous avons à investiguer pour connaître ce qui est toujours présent sans interruption tout le temps... »
P. 160 : « Qu’est-ce que la Vérité où il n’y a ni "Je" ni "ceci" ? Seul un profond examen de qui vous êtes révélera cette Vérité. Qu’est-ce qui demeure lorsque vous effectuez un tel examen ? Ce qui demeure est seulement pur Être, se reposant en lui-même, seulement pure Conscience se connaissant elle-même, mais pas comme une sorte d’idée ou de quelque chose séparée de vous... »
Et c’est ainsi dans toutes les pages. C’est une présentation complète de ce courant non duel. Mais le livre aurait gagné à être plus succinct : Il nous semble, parfois, qu’une dizaine de pages pouvaient remplacer une cinquantaine ! L’auteur a bien étudié l’Advaita Vedanta et a su bien dégager et présenter sa perception, mais ces réponses claires, dans ce cadre, resteront pour plusieurs de la pure conceptualisation.
Le 2e livre "L’essence de la recherche" est un commentaire sur la première oeuvre de Ramana Maharshi formée de questions posées par un disciple et les réponses de Ramana (entre 1900 et 1902). Nous retrouvons ici les mêmes idées du premier livre mais sous une présentation un peu plus traditionnelle.
Ces deux livres de Nome, ainsi que ces autres livres non mentionnés ici, constituent une excellente présentation de la non-dualité. Mais rien ne pourra remplacer l’expérience directe...
* Un des disciples de Nome m’a fait savoir que c’est son nom légal tel qu’il apparaît sur son passeport et son certificat de naissance.
- Nome, ESSENCE OF ENQUIRY (2005 - 223 pages, paper - Ramana Maharshi Center for learning : Bangalore) ;
- Id., Self Knowledge (2003 - p. 481 + XVI paper - Alma Jnana Publications : California)
—3e millénaire, (83), Printemps 2007