> Babelio : https://www.babelio.com/livres/Skali-Jesus-dans-la-tradition-soufie/228247

> JÉSUS DANS LA TRADITION SOUFIE, de Faouzi Skali - Ed. Albin Michel. — Des maîtres soufis aussi éminents que Rûmi ou Ibn ’Arabi ont vu en Jésus le « Sceau de la sainteté », tout comme Muhammad est le « Sceau de la prophétie ». Faouzi Skali, spécialiste reconnu du soufisme et membre d’une confrérie, avait amorcé une recherche sur ce thème au côté d’Eva de Vitray- Meyerovitch, qui a beaucoup contribué à faire connaître la mystique musulmane en Occident. Il rapproche ici Evangile, Coran et textes mystiques pour dresser le portrait d’un Jésus qui nous invite à la religion du coeur, par-delà les barrières confessionnelles. Le dialogue incessant des monothéismes y trouve l’une de ses expressions les plus belles et les plus actuelles. (Marc de SMEDT)
—Nouvelles Clés

> JÉSUS ET MARIE DANS LA TRADITION SOUFIE, entretien avec Faouzi Skali. — Faouzi Skali, directeur du Festival de musiques sacrées de Fès et du colloque “Donner une âme à la mondialisation” qui se tient parallèlement, est aussi un spécialiste du soufisme et de l’islam. Le livre qu’il vient de publier Jésus dans la tradition soufie nous permet de mieux apprécier le rôle du fondateur du christianisme dans la tradition musulmane.

COMBATTRE LES IDÉES REÇUES, TEL EST LE SENS D’UNE ACTION UTILE AUJOURD’HUI FACE AUX FANATISMES ET AUX INTÉGRISMES DE TOUS BORDS. POUR CELA IL FAUT REVENIR AUX MESSAGES FONDATEURS : LA PLACE CENTRALE DE JÉSUS ET DE MARIE DANS LE CORAN DEVRAIT AINSI UNIR TOUS LES CROYANTS PLUTÔT QUE LES SÉPARER.

Nouvelles Clés. : En lisant votre livre on se rend compte de la place essentielle de Jésus dans le Coran et dans l’Islam.
Faouzi Skali : Oui, Jésus fait partie des prophètes fondateurs de cette tradition abrahamique monothéiste : sa place est centrale, avec Moïse et Marie. Une sourate entière est d’ailleurs appelée du nom de Marie, Maryam. Il ne peut être contesté que la référence christique dans le Coran s’avère fondamentale.
Ce fait là parait peu connu des occidentaux ! Les vrais musulmans sont d’ailleurs surpris de la méconnaissance de l’Occident à cet égard : le Prophète cite souvent Jésus et sur un ton d’une proximité particulière. Marie est considérée comme l’une des quatre femmes parfaites de l’univers et on partage avec les catholiques la conception de la naissance virginale. Jesus est de plus considéré comme l’esprit de Dieu… En fait, il y a tellement de proximité entre ces deux traditions, que celle-ci devient paradoxalement un voile de méconnaissance. Cela peut être expliqué en partie par la véritable fascination - répulsion qui existe entre ces deux religions : elle crée un éloignement qui empêche de voir les points communs et les complémentarités. Si l’on arrivait à dépasser ces projections que l’on a les uns sur les autres, on verrait les points communs et les fortes convergences.
De même face à la tradition juive : Moïse est cité par le Coran près d’une centaine de fois : je prépare d’ailleurs un livre sur ce sujet. Mais il y a toute une mémoire qui est crispée et parasitée par un ensemble d’évènements historiques : ainsi Mahomet était présenté en occident comme l’Antéchrist par toute une littérature bien pensante, les Croisades ont laissé des souvenirs douloureux, les barbaresques aussi, etc. Aujourd’hui, il faudrait presque faire une thérapie collective pour guérir cette pathologie de la mémoire historique et revenir aux choses essentielles afin d’évacuer de nos psychismes toutes ces choses, ces traumatismes et souvenirs douloureux dont on a hérité et qui nous font réagir comme si on vivait il y a des siècles. Si on redécouvrait les vrais messages fondateurs on verrait tout ce qui unit et converge dans les trois traditions monothéistes.
Certaines traditions, soufies entre autres, ainsi que de nombreux badiths, présentent Jésus comme étant le Sceau de la sainteté…
Et il est cité aussi comme signe devant marquer le fin des temps en égard à sa dimension messianique : nombre de commentaires disent que lors de son retour en tant que Messie, il apparaîtra aux communautés humaines sous son aspect spirituel, en insistant sur l’intériorité de leurs différents messages. Comme une sorte de miroir dans lequel chacun devrait se retrouver par rapport à sa propre recherche spirituelle en retrouvant les sens profonds de sa propre religion. C’est donc une fonction absolument essentielle qui se trouve réservée par Jésus dans l’authentique islam.
On a aussi l’impression que cette dimension est occultée par les tenants d’un Islam sectaire !
Mais les intégristes dévoient leur propre religion ! Ils en font une arme de conversion et de conquête quand le Prophète lui-même n’a jamais essayé de convertir ni sa femme copte, donc chrétienne, ni sa femme juive ! Il a toujours été respectueux envers ceux qu’il appelait les Gens du Livre. Et le Coran insiste souvent sur le fait que c’est Dieu lui-même qui a voulu qu’existent des croyances différentes : « Si Dieu avait voulu, il aurait fait de vous une seule communauté ». Toutes doivent « concourir dans le bien », non dans un esprit de surenchère mais dans un esprit d’évolution, chacun dans sa propre recherche.
À aucun moment il n’y a volonté de gagner tout le monde à sa foi !
Bien sûr, des discours guerriers sur les axes du Bien et du Mal tels ceux de Bush ou de Billy Graham et d’autres, laissent supposer qu’il y a une volonté des chrétiens évangélistes fanatiques de raviver d’anciennes pulsions de croisades. Celles-ci créent des réactions en chaîne et ravivent des mémoires malades. Ce qui m’inquiète le plus avec les intégrismes actuels, d'où qu’ils soient, c’est l’intense pollution psychique qu’ils véhiculent.
Dans la tradition musulmane, l’étranger a une valeur sacrée et doit être reçu comme un hôte. Or entre ce vécu-là et les images que véhiculent les médias, il y a une forme de déstabilisation qui peut s’avérer très dangereuse, à tel point que je me demande si tout cela ne crée pas des effets pervers, en particulier chez les jeunes. Ceux-ci, qui ne connaissent pas bien la profondeur de leur culture, peuvent risquer de s’identifier à ces combats qui devraient être d’un autre temps.
Il faudrait pouvoir civiliser les images et pacifier les coeurs : cela passe par une juste connaissance de nos traditions.

À lire de Faouzi Skali :

Aux éditions Albin Michel :
Jésus dans la tradition soufie ;
La voie soufie ;
Guérir l’esprit avec Jean-Yves Leloup et Lama Denis Teundroup ;
Traces de lumière ;
Futuwah, traité de chevalerie soufie.
Aux éditions Pocket :
Le face à face des coeurs.
—Nouvelles Clés, (44), Hiver 2008, (pp. 51-52)

JÉSUS DANS LA TRADITION SOUFIE

Faouzi Skali
Des maîtres soufis aussi éminents que Rúmi
ou Ibn Arabi ont vu en Jésus le « Sceau de la
sainteté », tout comme Muhammad est le « Sceau
de la prophétie ». Faouzi Skali, spécialiste
reconnu du soufisme et membre d'une confrérie,
avait amorcé une recherche sur ce thème au
côté d'Eva de Vitray-Meyerovitch, qui a beaucoup
contribué à faire connaître la mystique
musulmane en Occident. Il rapproche ici
Evangile, Coran et textes mystiques pour
dresser le portrait d'un Jésus qui nous invite à
la religion du coeur, par-delà les barrières
confessionnelles. Le dialogue incessant des
monothéismes y trouve l'une de ses expressions
les plus belles et les plus actuelles.

PRÉFACE

Depuis quelques décennies, le soufisme est consi-
déré en France comme une voie spirituelle majeure
qui fascine notamment par la richesse et la splendeur
de sa littérature. Eva de Vitray-Meyerovitch et Faouzi
Skali sont deux des principaux artisans de cette
émergence du soufisme qui, aujourd'hui, devient même
plus accessible en Occident que dans bien des pays de
culture musulmane où cette dimension intérieure de
l'islam a très souvent été occultée, voire complètement
oubliée.

De par l'enseignement qu'il véhicule, le soufisme
est essentiellement une tradition de sagesse et un pont
entre les cultures et les religions. La place qu'y occupe
Jésus est d'ailleurs tout à fait illustratrice : à travers le
témoignage et le vécu des plus illustres soufis,
l'enseignement de Jésus retrouve une couleur et une vigueur
insoupçonnées. Les propos, les paraboles et les actes
du Messie, fils de Marie, s'inscrivent dans une pédagogie
initiatique qui n'est pas sans rappeler les métho-utilisées
au sein des voies soufies. Les relations de...

O autor é marroquino, de Fez, sufi e Doutor em Antropologia, Etnologia e Ciências das Religiões. Dedicou muito da sua vida ao diálogo entre religiões, pelo que foi nomeado pela União Europeia para uma reflexão sobre o "Diálogo entre os Povos e as Culturas no Espaço Euromediterrânico". Apoiando-se nos Evangelhos, no Alcorão ou ainda em outros textos místicos das tradições cristã e islâmica, traça retrato de Jesus. O Sufismo integra Jesus, Maria alguns santos como seus, também. ( )