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"Le roman ressemble au the?a?tre puisqu'ils sont tous les deux pareils a? la vie. Le monde entier est une sce?ne, dit Shakespeare, et nous y sommes tous des acteurs. Depuis la nuit des temps, tous les soirs, les me?mes fables se re?pe?tent pour le plaisir du public. A? tour de ro?le, on reconnai?t la sienne en n'importe laquelle des histoires qui se jouent sous nos yeux. La morale, ame?re, en est toujours la me?me : de?posse?de? enfin de tout ce qui fut a? lui, chacun, au bout du compte, re?gne seulement sur les chagrins qui lui restent et dont il ne garde que le souvenir, dont il ne conserve que le secret. Mais lorsque les acteurs, sous les sifflets ou sous les applaudissements, se pre?parent a? regagner leurs loges, une image persiste que tout homme peut peindre, s'il le souhaite, lui donnant par exemple l'apparence de cet e?tang ou?, parmi les fanto?mes qui flottent a? la surface, il aperc?oit les fle?ches de feu de quelques poissons d'or brillant dans la lumie?re qui baisse. Les trois coups retentissent. Le silence se fait dans la salle. Le rideau se le?ve. La sce?ne se situe en Angleterre. L'action se de?roule vers le milieu du vieux XXe sie?cle. Un homme, le plus ce?le?bre des Premiers ministres du Royaume-Uni, pose pour un autre qui le peint. On n'en dira pas plus pour l'instant. Drame ou come?die, le spectacle peut maintenant commencer, qui raconte a? chacun le re?cit de ce qui fit sa vie."--Page 4 of cover.… (altro)
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Seul m’entend celui dont le cœur est blessé d’une incurable blessure, telle que jamais nul n’en voulut guérir…
Georges Bataille
Et Dieu envoya Nathan à David. Ainsi parle le second livre de Samuel. Le prophète conta au roi une histoire. Il était une fois deux hommes. Le second ravit au premier la brebis qui était son unique bien et que de tout son être il chérissait comme si elle avait été sa propre fille. Furieux, à un tel récit, le roi jugea l’individu coupable et déclara au prophète qu’il méritait la mort. Mais Nathan dit à David : «Tu es cet homme! » Car il n’avait pas agi autrement. Afin de mettre Bethsabée dans son lit, la dérobant à son époux, le roi avait donné ordre que mourût l’homme dont elle était la femme. Alors, l’Éternel parla par la bouche du prophète. Il rappela au roi comment, jadis, il lui avait fait don de la maison d’Israël et de Judas. David avait enfreint sa loi. En conséquence, Dieu ferait s’abattre le malheur sur lui. Toutes ses femmes, il les donnerait à d’autres qui coucheraient avec elles sous la lumière éclatante du soleil. Afin que nul n’ignorât plus ce que David avait fait. La sentence était juste. David lui-même l’avait rendue. Lui aussi, il méritait la mort. Le roi reconnut sa faute et il implora le pardon de l’Éternel. Il dit: «C’est vrai, je suis cet homme! » Considérant son repentir, Dieu prit pitié de lui et il l’épargna. Mais afin que son crime ne restât pas impuni, il prendrait la vie à son fils. L’enfant tomba malade. Afin de fléchir le courroux de l’Éternel, David supplia Dieu d’épargner son fils: il cessa de se nourrir et s’allongea sur le sol, s’abîmant dans son chagrin, perdant tout goût aux plaisirs de la terre et tout intérêt pour les devoirs de sa charge. Il pleurait. Or, le septième jour, l’enfant mourut. Comme si rien n’avait eu lieu, David reprit sa vie d’avant. Il fit à son épouse un nouvel enfant qu’il nomma Salomon. Il triompha de ses ennemis et sa gloire fut sans égale. À ses serviteurs qui s’étonnaient de sa conduite et de l’aisance avec laquelle il paraissait avoir oublié sa peine, le roi répliqua : «Puis-je faire en sorte que mon enfant me soit rendu ? J’irais vers lui mais il ne reviendrait pas vers moi.» Et à Dieu, David déclara : «Si tu avais voulu des offrandes, je te les aurais faites de bonne grâce. Mais il est vrai que tu ne prends point plaisir aux holocaustes. Un esprit brisé est le seul sacrifice qui te soit agréable.» «D’un homme, ajouta-t-il, tu ne demandes rien sinon un cœur blessé.» Paul tire pour les Romains la leçon de la fable: «Ô, qui que tu sois, toi qui juges, tu es impardonnable; car, en jugeant les autres, c’est toi-même que tu condamnes.» Chacun est un autre et tous les hommes sont un. Il n’y a qu’une seule histoire au monde. Mais nul ne sait qu’il s’agit de la sienne tant que le malheur ne lui tend pas le miroir où il reconnaît son visage.
And since you know you cannot see yourself So well as by reflection, I, your glass, Will modestly discover to yourself That of yourself which you yet know not of
Julius Caesar, I, 2
Dedica
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Incipit
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AVANT LE LEVER DU RIDEAU LE BASSIN DE CHARTWELL
On ne voit pas son visage. Il pourrait s’agir de n’importe qui. [...]
Citazioni
Ultime parole
Nota di disambiguazione
Redattore editoriale
Elogi
Lingua originale
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"Le roman ressemble au the?a?tre puisqu'ils sont tous les deux pareils a? la vie. Le monde entier est une sce?ne, dit Shakespeare, et nous y sommes tous des acteurs. Depuis la nuit des temps, tous les soirs, les me?mes fables se re?pe?tent pour le plaisir du public. A? tour de ro?le, on reconnai?t la sienne en n'importe laquelle des histoires qui se jouent sous nos yeux. La morale, ame?re, en est toujours la me?me : de?posse?de? enfin de tout ce qui fut a? lui, chacun, au bout du compte, re?gne seulement sur les chagrins qui lui restent et dont il ne garde que le souvenir, dont il ne conserve que le secret. Mais lorsque les acteurs, sous les sifflets ou sous les applaudissements, se pre?parent a? regagner leurs loges, une image persiste que tout homme peut peindre, s'il le souhaite, lui donnant par exemple l'apparence de cet e?tang ou?, parmi les fanto?mes qui flottent a? la surface, il aperc?oit les fle?ches de feu de quelques poissons d'or brillant dans la lumie?re qui baisse. Les trois coups retentissent. Le silence se fait dans la salle. Le rideau se le?ve. La sce?ne se situe en Angleterre. L'action se de?roule vers le milieu du vieux XXe sie?cle. Un homme, le plus ce?le?bre des Premiers ministres du Royaume-Uni, pose pour un autre qui le peint. On n'en dira pas plus pour l'instant. Drame ou come?die, le spectacle peut maintenant commencer, qui raconte a? chacun le re?cit de ce qui fit sa vie."--Page 4 of cover.