Suite inachevée de La Mort dans l'âme de la trilogie Les Chemins de la liberté, le texte de La dernière Chance est composé de fragments. On y retrouve Mathieu (dont on n'était pas sûr qu'il soit encore en vie à la vie du livre précédent, suite à une scène de massacre depuis une tour de clocher) qui, après avoir été blessé et hospitalisé, est prisonnier dans un stalag. A travers la guerre, Mathieu fait les premiers pas vers un engagement responsable. Il partage son dortoir avec un certain Bollard, amputé des deux jambes. Lorsque ce dernier suggère à Mathieu de tenter de s'échapper du stalag, Mathieu rétorque :

« On était libre, oui. Et puis après ? libres pour quoi ? libres de quoi ? Est-ce qu’on pouvait empêcher la victoire de Franco ou la guerre ? En un sens, reprit-il, jamais je ne me suis senti aussi libre que depuis que je suis ici. »

A la baraque 57, il parvient à retrouver les copains de lutte (Charlot, Lubéron, Longin, Nippert, Schwartz et Pinette) qu'il avait perdus de vue suite à sa blessure au combat. Mais il se rend immédiatement compte que sa présence vient troubler l'équilibre que les copains avait construit entre eux. Pinette qui ne s’était pas fait aussitôt remarquer sort d’un coin sombre pour ricaner et dire méchamment à Mathieu : « On a les inconvénients d’être morts sans les avantages". La guerre semble former autant de solidarités qu'elle en défait.

Autres extraits :
Bollard : :
"J’aime bien Rouen, tu sais, eh bien, c’est drôle à dire, mais, en un sens, je suis plutôt content qu’ils aient lâché des bombes dessus. De mon point de vue, tu comprends : dans une ville à moitié démolie, un infirme se remarque moins. Les gens ont l’habitude et puis, je ne sais pas, je serai assorti à leurs bâtiments. »

Matthieu, voyant Bollard quitter la caserne pour repartir chez lui :
"Matthieu pensa : il va en enfer ; et pendant une seconde il eut horreur de ce monde que Bollard allait retrouver. La rue La Fayette à six heures du soir, sillonnée par des milliers de trajectoires solitaires. D’en haut ils font une foule… Tous libres, bien sûr, libres et impuissants. Ils sont responsables de tout ce qui leur arrive et ils ne peuvent même pas remuer le petit doigt. Bollard retournait là-dedans. Toujours aussi libre, libre avec les deux jambes tranchées à mi-cuisse ; la liberté ça ne sert qu’à vous donner des remords. Libres, séparés d’eux-mêmes et de tous par leurs libertés. Matthieu fit quelques pas vers la fenêtre, il regarda la colline verte et sombre, la colonne des incurables en bas de la route ; il sentit renaître doucement sa gaieté, il pensa : « Je ne suis plus libre. » Trente-six ans de solitude abstraite, trente-six ans de pensées sur rien. Il regardait la caserne ; derrière la caserne les copains l’attendaient, unis par un seul malheur, par un seul destin, par la même fatigue, la même faim, la même colère. Derrière la caserne, dans une enceinte de barbelés, on avait construit et peuplé pour lui une ville natale." ( )

I was pleased to have found this book. It is not easy and cliche as it is I found it at Powell's. I, as most, was under the impression that The Roads of Freedom was simply a trilogy. The essays accompanying it are at times insightful as well as just dull. I was appreciative of their respect of Sartre as a writer rather than a philosopher, for most of what is considered to be existentialism is literary and not codified - something that is often abused with Sartre's Being and Nothingness in academia and followers.

These two stories definitely create a much more holistic representation of this series of books. Unfortunately, with their not having been completed, the tragic and operatic stylistics are not fully formed and so much of the aesthetic impact (an important quality in existential fiction) is lost. Nevertheless the characters of Mathieu and Brunet are given justice in what was completed and so I feel brings, in an outlined version, Sartre's essential vision its justification. Although it is asserted throughout that Sartre had abandoned the final book as an impossible act, I must disagree. Had this novel been fleshed through the temporal nuances it would have been the highest and most profound of his writings, however ambiguous and uncertain it may have ended, and so would have in my opinion reached a level (though not the length) in post-idealist literary history as Proust's In Search of Time Lost. Granted, Sartre is far from the literary genius of Proust, the ethos and method would have had a similar impact philosophically between the two in one of the most important aspects of literature - Time - and consequently the hermeneutical depth of the Being of an important part of human development.

Consequently I give this book four stars for what I consider a lack of courage on the part of Sartre, although giving credit to his essential confession to that. ( )