> OEUVRES COMPLÈTES, de Bruce Chatwin (Grasset, coll. Bibliothèque Grasset, 2005, 1531 p.) — Bruce Chatwin est de ces rares écrivains dont on devient un inconditionnel aussitôt après avoir lu les premières lignes de l’un de ses livres. Il n’a malheureusement pas eu le temps d'en écrire beaucoup; il en a terminé cinq de son vivant, avant d'être emporté par le SIDA, à 49 ans, en 1989 ; deux autres ont été publiés après son décès. Comme nombre d'écrivains voyageurs, c'est la lecture qui lui a donné le goût de l'aventure, explique-t-il dans sa superbe Anatomie de l'errance : celle de Melville, entre autres. Il n'a cependant jamais vraiment aimé Jules Verne, car il a « toujours cru le réel plus extraordinaire que le fantastique »; son œuvre en est la preuve. Lire Chatwin, c'est, parcourant En Patagonie, s'y sentir davantage sur place que si on y était pour vrai ; c'est entonner avec lui Le Chant des pistes. On n'est pas dans un bouquin quand on plonge dans un Chatwin : on est ailleurs! Lorsqu'on revient de voyages, on a souvent qu'une seule envie : repartir au plus tôt. On ressent la même impression lorsqu'on tourne la dernière page d'un ouvrage de Chatwin ; on ne veut qu'une chose : en lire un autre. (Pierre MONETTE)
—Entre les lignes, 2 (4), p. 24

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