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Jesuthasan Antonythasan

Autore di Friday et Friday

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Fonte dell'immagine: Antonythasan Jesuthasan

Opere di Jesuthasan Antonythasan

Friday et Friday (2018) — Autore — 5 copie
LA STERNE ROUGE (2022) 2 copie
Traitor (2010) 1 copia

Opere correlate

Dheepan [2015 film] (2017) 11 copie

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Informazioni generali

Data di nascita
1967
Sesso
male
Luogo di nascita
Allaippiddi, Velanai Island, Sri Lanka
Luogo di residenza
Sevran, France
Attività lavorative
writer
actor

Utenti

Recensioni

C’est un trait commun, je crois, à tous les habitants de territoires en guerre. Ce ne sont rien d’autre que des prisons géantes, et les personnes prises dans ces pièges-là pensent un peu comme des détenus. La guerre les rend prêts à tout pour survivre. Elle les conditionne, les façonne, les fait mendier, mentir, prier, se déshabiller, trahir et se justifier.
(p. 216, “Trois cent ans”).


Au début du mois de juin, alors que je m’apprêtais à commencer ce livre, j’entendais parler du Sri Lanka dans la revue de presse matinale de France Culture. Le journaliste y décrivait un pays en pleine déliquescence économique. Ce n’est pas de cela que parle ce roman, mais le Sri Lanka qu’il décrit n’est pas plus réjouissant. C’est un pays lourd, oppressant, qui m’a replongée dans mes souvenirs des quelques mois que j’y ai passés, travaillant en différents endroits de la côte, d’abord à Jaffna, alors sous contrôle du LTTE (plus connu sous son appellation officieuse de Tigres Tamouls), puis à Ampara, d’où l’héroïne de La Sterne rouge est originaire, une zone mixte Tamoul et Cinghalaise (sans oublier les Musulmans qui y vivent aussi), et enfin à Ambantota, en zone Cinghalaise.
Le Sri Lanka, pourtant baptisé la perle de l’Océan Indien, pays où paraît-il on peut trouver toutes les pierres précieuses et semi-précieuses, est en effet un pays dur, et ce livre en est la terrible expression. Ala est née près d’Ampara dans une famille tamoule, mais dans un village dont ces mêmes Tamouls sont peu à peu exclus. On peut vivre en bonne entente un jour et se dénoncer entre voisins le lendemain. On peut révérer les mêmes dieux (car l’hindouisme des Tamouls est très proche du bouddhisme des Cinghalais) et s’entre-déchirer au nom de cette même religion (un marqueur facile pour un conflit qui n’a rien de religieux, comme la plupart des conflits d’ailleurs).
Mais c’est ce qu’Ala a toujours connu, elle ne s’en étonne pas. Et sa vie est déjà bien compliquée, entre les affres de la pauvreté et celles de la promiscuité. Pourtant, sans prévenir, au simple détour d’un chemin, ces tensions lui explosent à la figure et sa vie prend une direction inattendue. Mais elle s’adapte, elle suit le courant qui l’entraîne et elle cherche, où qu’elle soit à faire de son mieux. Elle se retrouve alors membre des LTTE, sans l’avoir réfléchi, ni même vraiment voulu. Mais elle met toute son énergie dans cette nouvelle responsabilité qui lui incombe et devient très vite un bon élément, de ceux que l’on repère, mais aussi de ceux que l’on est prêt à sacrifier. Alors quand on lui demande de faire partie des Tigres noirs, la branche spécialisée dans les attentats-suicides, elle n’hésite pas avant d’accepter. Pourtant, ce récit à la première personne nous parvient depuis les prisons de Kandy, on sait donc que quelque chose ne s’est pas passé comme prévu…
Après une introduction où l’auteur s’adresse directement au lecteur pour expliquer comment, par un effet de poupées gigognes, il s’est retrouvé en possession d’un manuscrit, le récit démarre, alternant les temporalités pour retracer, avec les mots mêmes d’Ala, sa vie trop brève, ses épreuves et ses rares joies.
Une vie qui semble se dérouler selon une linéarité, non ce n’est pas le bon terme, plutôt selon une inéluctabilité qui a quelque chose de glaçant. Quoiqu’il arrive à Ala, elle le prend comme une fatalité, ses décisions ne sont jamais le fruit d’une réflexion, elles semblent plus s’imposer de l’extérieur (sans pour autant être subies, elles sont ce qu’elles sont, c’est tout). J’ai décidé de lire ce livre parce que le personnage principal faisait partie des Tigres Noirs et parce que l’auteur lui-même avait été membre des LTTE avant de se réfugier en France, je voulais essayer de comprendre comment on devient membre de cette organisation qui utilise des méthodes terroristes, comment on s’enrôle dans les Tigres Noirs… Je n’ai rien vu de tout cela dans le livre, mais c’est justement cette absence qui fait la force dérangeante de ce livre.Tout coule de source, pas besoin d’explication…
Je n’ai donc pas trouvé dans ce livre ce que j’étais venue y chercher, mais j’ai trouvé un livre d’une grande force et profondément dérangeant, plus fort et plus dérangeant que ce à quoi je m’attendais. Le Sri Lanka n’est pas un pays dont on entend beaucoup parler, et quand on en entend parler, ce sont plus ses joyaux et ses plages qui nous viennent en tête. Pourtant, le Si Lanka du quotidien est loin de ces belles images de dépliants touristiques, et ce livre nous permet d’approcher une autre réalité, plus sombre, plus complexe, plus dérangeante aussi, mais qu’il est important de ne pas nier.
Un grand merci aux éditions Zulma pour le travail qu’ils font pour permettre la publication de tels livres. Un travail d’éditeur au sens le plus noble et le plus utile du terme. Ce livre est loin des formats habituels, loin des clichés, et justement pour cela et pour pleins d’autres raisons, il mérite qu’on s’y attarde. Ala est un personnage plus complexe qu’on ne peut le croire au premier abord, et l’auteur, Antonythasan Jesuthasan, nous emporte dans son sillage sans que l’on y prenne garde, dans une violence qui oscille entre l’ordinaire et l’abject, mais avec un propos qui n’est jamais gratuit et qui en dit aussi long avec ses mots qu’avec ses silences.
… (altro)
 
Segnalato
raton-liseur | Jun 19, 2022 |

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